Mon intervention lors du débat consacré aux langues régionales

 

En tant que présidente du groupe d'études sur les langues régionales, je me réjouis très sincèrement que ce débat ait été organisé par notre assemblée.

Il est largement temps, en effet, que la représentation nationale  puisse débattre sereinement de cette question. Nous devons tordre le cou aux idées préconçues afin de vaincre la frilosité de nos institutions et de convaincre le gouvernement qu’il convient de considérer notre revendication comme une source de richesse pour la Nation et non comme un menace pour la République ou la manifestation folklorique d'un combat d'arrière garde.
 

Néanmoins, permettez-moi cependant de déplorer la programmation d’un débat d’une telle importance un 7 mai en fin de journée, à la veille de commémorations nécessitant la présence des parlementaires dans leur circonscription. 

Depuis des dizaines d'années, les organismes internationaux et européens (parlement européen, conseil de l'Europe, conférences sur la sécurité et la coopération en Europe, les Nations Unies, l'Unesco), n'ont cessé de développer une approche patrimoniale, qui valorise la langue et la culture comme un élément du patrimoine de l’humanité à préserver et à développer. L’interculturel et le plurilinguisme sont internationalement considérés comme une richesse, comme un trésor qu’il faut faire vivre et progresser. 


Face à cela, la France  qui a la chance de posséder 75 langues régionales laisse peu à peu celles-ci s’éteindre et ne met pas en œuvre la politique linguistique volontariste et le dispositif législatif spécifique nécessaires à leur survie. Je veux ici rappeler quelques fondamentaux :
Oui je suis attachée à l’unité de la République et à la suprématie du français, garant de la cohésion nationale.
Oui, la reconnaissance de nos héritages culturels et linguistiques doit réfuter toute forme de communautarisme. Mais l’égalité n’est pas l’uniformité. Nous demandons simplement à vivre de manière sereine et positive les éléments constituant notre identité.
Se sentir profondément bourguignon, provençal ou corse n’empêche pas d’être français, parler, chanter en  breton, alsacien ou basque n’empêche pas d’être patriote !

 

 

Affirmer son identité culturelle ne doit pas être considéré comme un refus des valeurs de la république ; vouloir parler sa langue ancestrale ne témoigne pas d’un repli identitaire. Il s'agit au contraire d'y puiser, pour le compte de tous,  une force supplémentaire dans un contexte de mondialisation. 

La non-reconnaissance de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires par la France, basée sur une interprétation contestable d’une décision du Conseil Constitutionnel n'aboutit qu'à une uniformisation factice de l'identité française. 

Dans toute l'Europe, s'épanouissent les langues régionales que ce soit en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, 40 millions de citoyens européens utilisent régulièrement une langue régionale ou minoritaire, transmise de génération en génération, sans que l’affirmation de leur différence pose un problème particulier. Il est grand temps que notre pays, patrie des Droits de l’Homme, fasse droit à la diversité, à l’histoire et à l’avenir. 

C’est le sens de la proposition de loi que nous avons déposé, qui est destinée à compléter l'article 2 de la Constitution: « la langue de la république est le français, dans le respect des langues régionales qui font partie de notre patrimoine » ce texte résume à mon sens parfaitement la finalité que nous donnons à ce débat.

 

 L'avenir des langues régionales : le dossier en vidéo du journal le Télégramme

Langues régionales
Nos 75 langues régionales sont-elles constitutives de notre patrimoine culturel national?
Oui, sans aucun doute
Oui surtout dans un contexte de globalisation
Non pas vraiment
Faut-il encourager leur pratique?
Oui
Non

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